Dans cet article
Sclérose en plaques et activité physique, prescrite ou proscrite ?
La sclérose en plaques (SEP) est la première cause de handicap non traumatique en France. Elle touche 2,5 millions de personnes dans le monde dont plus de 100 000 dans notre pays. C’est une des maladies les plus communes du système nerveux.
Qu’est-ce que la SEP ?
Action de la SEP sur le système nerveux central
La SEP est une maladie auto-immune du système nerveux central, c’est-à-dire une affection incurable et invalidante. Pour comprendre son fonctionnement, il nous est nécessaire de voir de quelle manière les neurones et le corps communiquent.
La maladie va attaquer les neurones et toucher le système nerveux central. Afin d’appréhender la manière dont les signaux électriques sont transmis par les neurones, imaginons un câble électrique.
Dans une gaine électrique, les fils qui permettent la conduction du signal électrique d’un point A à un point B sont rassemblés à l’intérieure d’une gaine isolante qui protège le signal des éléments extérieurs. Le système nerveux fonctionne de la même manière, les fils conducteurs (les axones) sont protégés par une gaine de myéline qui va venir entourer les fibres nerveuses de l’axone.
La SEP est responsable de la destruction de cette gaine de myéline et entraine une altération de la conduction électrique dans l’axone. Les informations envoyées par le cerveau au reste du corps sont de ce fait perturbées et provoquent un mauvais fonctionnement des organes et des muscles. Les fibres nerveuses ne vont plus transmettre le signal et à terme ce sont les neurones qui vont « s’éteindre » et cesser totalement d’assurer leur rôle.
La maladie va évoluer par poussées inflammatoires dans 85% des cas. Ces poussées entraineront une aggravation des symptômes préexistants en quelques jours voire quelques heures avant de se stabiliser. Une amélioration partielle ou complète sera le plus souvent observée quelques semaines après la poussée.
Actuellement, aucun traitement ne permet de guérir la sclérose en plaques. La prise en charge des personnes atteintes a pour but d’améliorer la qualité de vie des patients (au niveau des poussées, des symptômes, de la prise en charge du handicap).
Quels sont les symptômes ?
Multiples, pluriels, variés, complexes, nombreux…. La SEP s’étendra de façon quasi totale en affectant l’ensemble des fonctions. En agissant sur les neurones et sur le système nerveux central, cette pathologie va toucher la totalité du corps allant des sens, aux muscles en passant par les systèmes digestif et urinaire.
L’évolution de la maladie est difficilement prévisible puisqu’il est impossible de savoir quelles liaisons vont être endommagées par la prochaine poussée.
Parmi les symptômes les plus fréquents :
- Les troubles de la sensibilité (fourmillements, engourdissements, douleurs) – 85% des patients
- Le signe de Lhermitte (une sensation de décharge électrique dans le dos accompagnée d’une faiblesse musculaire) – 90% des patients
- Les troubles de l’équilibre
- L’inflammation du nerf optique (baisse de l’acuité visuelle)
La SEP et l’activité physique, prescrite ou proscrite ?
L’activité physique a longtemps été déconseillée pour les patients atteints de SEP. Il était notamment déconseillé de pratiquer du renforcement musculaire de peur d’accroître la spasticité (augmentation exagérée et permanente du tonus musculaire au repos). Suite à la publication de plusieurs recherches cliniques dans ce domaine, la tendance s’est totalement inversée ces dernières années. Il est désormais reconnu que la pratique physique et la lutte contre la sédentarité permettent de favoriser la résistance physique, de diminuer la fatigue et de s’inscrire comme un complément efficace aux traitements médicamenteux.
Effets de la sédentarité dans la SEP
La sédentarité est reconnue comme étant un facteur de risque, notamment dans les maladies chroniques, cette tendance est à prendre en considération dans des pathologies comme la SEP.
Des phénomènes déjà présents dans la SEP comme la faiblesse musculaire, la fatigue, les troubles du sommeil ou la dépression vont se retrouver accentués par l’inactivité. En effet, le manque de mouvements actifs aura tendance à augmenter l’importance de certains symptômes. C’est pourquoi il est nécessaire de sortir les patients de la spirale de la sédentarité afin d’augmenter les dépenses énergétiques et de solliciter les grandes fonctions métaboliques et physiologiques. Il s’agira dans un premier temps de reconditionner les personnes atteintes à l’effort musculaire ainsi qu’à l’endurance à l’effort.
Quelle activité pour quel symptôme ?
La SEP engendre une multitude de symptômes et il est difficile de prévoir quelle forme ou quelle chronologie elle va suivre. Nous pouvons toutefois distinguer quatre symptômes récurrents et communs à la majorité des personnes atteintes qu’il convient de privilégier dans la pratique de l’activité physique.
La fatigue
Une fatigue installée est souvent présente chez les personnes atteintes de SEP. Une activité d’endurance est toute indiquée afin de maintenir son VO2 Max et permettra également de l’améliorer. Parmi les activités d’endurance proposées (comme l’aviron, la natation, le vélo…), il convient d’adapter cette pratique en fonction des autres symptômes présents. Par exemple, des personnes ayant également des troubles importants de l’équilibre préfèreront une pratique d’endurance plus douce comme la marche nordique ou le vélo d’appartement.
Les séances pourront être d’une durée variable, allant de 15 à 30 minutes, ajoutant à cela 10 minutes d’échauffement et 15 minutes de récupération.
L’affaiblissement musculaire
Liée à la sédentarité et à l’évolution de la pathologie, cette faiblesse musculaire va s’installer et toucher principalement les muscles des membres inférieurs (quadriceps, ischiojambiers & muscles fléchisseurs du pied).
Afin de lutter contre l’installation de cette faiblesse et la diminution des mouvements qu’elle va engendrer, il est possible de faire des séances de musculation. L’objectif ne sera pas de soulever de fortes charges mais de miser sur le nombre de répétitions faiblement chargées pour travailler l’endurance de force. La possibilité s’offre également de faire des séances uniquement à poids de corps. Les séances de renforcement musculaire pourront également avoir un impact positif sur l’équilibre, à condition de travailler soigneusement les muscles agonistes et antagonistes dans la même séance.
Les troubles de l’équilibre
Des pratiques douces nécessitant de la concentration peuvent être envisagées pour pallier aux troubles de l’équilibre. Ces pratiques douces peuvent également avoir leur utilité dans la gestion de la frustration par rapport aux difficultés éprouvées. Des exercices de proprioception à l’aide d’une échelle de rythme ou d’un marquage au sol font partie des options disponibles pour lutter contre ce symptôme. D’autres activités peuvent être aménagées pour travailler à la fois le renforcement musculaire et l’équilibre comme la Slackline par exemple. Il est tout à fait possible de le faire pratiquer à faible hauteur et avec une parade.
La spasticité
La spasticité est une exagération du réflexe myotatique, c’est-à-dire que la contraction réflexe du muscle va durer beaucoup plus longtemps que la normale. C’est une sensation extrêmement désagréable que de sentir ses muscles constamment contractés. Pour soulager ces tensions permanentes, des séances d’étirements sont fortement conseillées. Concernant la durée de l’étirement, plus une personne est spastique, plus la durée devra être longue. Ces étirements peuvent être effectués en séance mais il est important d’encourager le pratiquant à les faire à tout moment de la journée, dès qu’il en ressent le besoin.
Et l’escalade dans tout ça ?
L’escalade thérapeutique est une activité émergente dans le paysage du Sport-Santé. Après des débuts timides,
beaucoup de centres de soin et de rééducation sautent désormais le pas et proposent à leurs patients de tester cette activité.
L’escalade a beaucoup à offrir, tant au point de vue physique de par sa multiplicité de mouvements mais également du point de vue mental, puisque chaque avancée sur le mur et en soi une petite victoire sur soi-même et sur la maladie.
Reconnecter le corps et l’esprit
Apprendre à vivre avec une pathologie comme la SEP n’est de loin pas une évidence. Il s’agit pour les personnes atteintes de constamment se réapproprier leur corps, de « s’accommoder » de nouvelles limites que la maladie leur impose et de gérer bien souvent une certaine colère, parfois contre son corps lui-même. Gérer ce corps qui n’obéit plus aussi bien qu’on le souhaiterait, c’est là tout le défi qui attend les pratiquants au pied du mur. Chacun à son rythme pourra tester ses limites, apprivoiser ses angoisses, améliorer sa confiance en soi et surtout : socialiser. Bien que l’escalade soit un sport qui se pratique seul ou en binôme, c’est aussi une activité qui fait la part belle à l’entraide et à la communication bienveillante entre les pratiquants.
Un véritable projet de soin
L’escalade est connue et reconnue pour être un sport très complet pour la rééducation de la motricité globale comme pour la motricité fine. L’escalade thérapeutique s’inscrit de ce fait dans un véritable projet de soin, à mener avec les équipes soignantes et les éducateurs sportifs.
L’aspect ludique de cette activité permettra aux pratiquants de fournir des efforts sans avoir à se sentir en rééducation ou en thérapie, ce qui permet à beaucoup d’entre eux de dépasser leurs attentes en faisant fi de la pression qu’ils se mettent à eux-mêmes. Il est important de comprendre qu’en escalade, c’est la pratique qui s’adapte aux capacités des grimpeurs et non l’inverse. Il n’est pas nécessaire d’avoir déjà un niveau de base pour commencer et la progression, associée aux encouragements extérieurs et très souvent rapide et extrêmement satisfaisante pour les pratiquants.
Pour en savoir plus :
Fondation pour l’aide à la recherche sur la sclérose en plaques – ARSEP - arsep.org
Escalade thérapeutique - planetgrimpe.com
Crédits photos :
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