Dans cet article :
C’est bien connu, le muscle occupe plus de place que la graisse et est largement plus bénéfique pour le corps et la santé.
Alors pourquoi, dès qu’il s’agit d’évaluer sa forme, voyons-nous débarquer le fameux IMC avec ses gros sabots ?
L'IMC, qu’est ce que c’est ?
L’IMC est un indicateur inventé au milieu du XIXe siècle par un mathématicien belge. Utilisé aujourd’hui par de nombreux organismes comme l’Organisation Mondiale de la Santé (depuis 1997), il correspond au rapport du poids sur le carré de la taille.
En fonction du « score » obtenu, les individus sont donc classés dans des catégories allant de la dénutrition à l’obésité morbide.
Cet indicateur n’a jamais eu vocation à être un outil de diagnostic mais un outil statistique afin d’évaluer une population. Plusieurs études ont démontré que l’IMC n’était pas fiable chez toute une partie de la population, notamment chez les femmes, personnes de petites tailles ou de très grandes taille, afro-américains et asiatiques, entres autres (liens vers lesdites publications dans les sources au bas de l’article)
L’IMC et ses limites
Qu’est ce qu’on mesure déjà ?
Oui mais voilà, ce classement reste très approximatif puisqu’il ne prend pas en compte le poids des os, des muscles, l’âge ou même les origines et la morphologie. En fait, l’IMC ne prend même pas en compte le sexe de la personne puisque la classification sera la même pour les hommes et pour les femmes !
Une personne « bien bâtie » mais tout en muscles aura donc un IMC d’obèse alors que sa masse musculaire sera nettement supérieure à sa masse graisseuse.
Autre exemple, le mien. J’ai 30 ans et je suis éducatrice sportive, on peut donc en déduire que je pratique des activités sportives de manière quotidienne.
Ma masse graisseuse est donc logiquement faible et ma masse musculaire plus importante.
Je mesure 1,73m pour 55kg (ce qui a toujours été grosso modo mon poids de forme, +/- 3kg).
En mesurant mon IMC je découvre, Ô surprise que j’entre dans la catégorie « Insuffisance pondérale » ou « maigreur excessive »… Je serais donc en danger ?
Par curiosité, je cherchais à savoir quel poids je suis supposée atteindre pour être dans la moyenne « idéale » : +10 kg ! Sincèrement, je ne vois pas où je pourrais bien les mettre.
Si je suis la logique de cet indice, malgré le fait que j’ai une bonne hygiène de vie, que je fais du sport régulièrement, que ma masse musculaire est largement honorable (donnée obtenue grâce à une balance dite « impédancemètre », dont nous reparlerons plus tard), bref : ma santé est en danger…
Toujours suivant cette logique, il m’est recommandé de prendre 10 kg (de graisse hein, parce que prendre 10 kg de muscle je ne vous parle pas du challenge) et vous voudriez me faire croire que ça ferait du bien à mon cœur ? À mes genoux ? À mon dos ?
Pas convaincue…
Terriblement anxiogène
L’utilisation de cet indice comme indicateur de suivi du poids est très anxiogène. L’IMC est utilisé largement dans le domaine de la perte de poids (et même par beaucoup de nutritionnistes et produits minceur… nous en reparlerons également) comme un indicateur permettant d’évaluer le poids d’une personne (il ne s’agit donc pas de santé).
L’individu qui effectue cette mesure va donc se focaliser sur un chiffre et l’entrer dans un tableau. Puis, le couperet tombe, que faire si je ne suis pas dans la moyenne ?
Ce procédé entretient un rapport normé au corps et à un pseudo-idéal qui favorise le mal-être et l’insécurité voire l’apparition de troubles du comportement alimentaire chez certaines personnes.
Un « argument » de vente
Venons-en à un sacré morceau… Toutes ces joyeuses publicités que l’on voit à la télévision, qui nous proposent de tester notre IMC sur leur site internet afin de savoir quels superbes plats de régime ils peuvent nous proposer. Car bien sûr, la sédentarité joue un rôle majeur dans notre société et nombreux sont ceux qui cherchent une solution se sentir bien dans leur corps. Forcément, se servir d’un indicateur « officiel » pour prouver à quelqu’un qu’il doit perdre du poids, en voilà du pain béni (light bien sûr !).
Alors s’il vous plaît, éloignez-vous de ce genre de procédé commercial, un IMC seul ne permettra jamais de savoir si vous devez manger plus de lipides ou moins de glucides, pour cela, tournez-vous plutôt vers un nutritionniste qui saura réaliser un véritable bilan en fonction de vos habitudes et de votre quotidien.
Quelles alternatives à l’IMC ?
Les mensurations (tour de taille, cuisses, bras…)
Vous voulez savoir si l’activité physique porte ses fruits ? Dans ce cas, vous pouvez d’ores et déjà bannir la balance !! Quoi de plus frustrant que de faire de l’activité plusieurs fois par semaine, se sentir plus à l’aise dans ses vêtements et pourtant voir + 3kg sur la balance ?
C’est tout à fait normal pourtant !
Alors plutôt que de se peser matin et soir pour voir si ça évolue, pensez à prendre vos mensurations, par exemple au niveau de la taille ou des cuisses, en fonction des zones que vous ciblez. Et surtout, inutile de se mesurer tous les deux jours ! Lâchez du lest, faites-vous confiance, si vous vous sentez mieux dans votre corps, pas besoin d’un chiffre pour le confirmer !
Les balances "intelligentes"
Si l’éventualité de jeter votre balance et de naviguer à vue vous parait insurmontable, il reste une solution de substitution : les balances dites à impédancemètre.
Comment ça fonctionne : l’impédancemétrie mesure la résistance des tissus biologiques par l’envoi d’un courant sinusoïdal de faible intensité à travers des électrodes (deux capteurs métalliques placés sur le plateau). Une balance à impédancemètre mesure donc la résistance et permet de déduire la proportion des masses des éléments du corps (os, graisse, muscle).
Alors soyons honnêtes, l’exactitude des données n’est pas à toutes épreuves. Néanmoins, si les mesures sont effectuées dans de bonnes conditions (même horaire, même taux d’hydratation, mêmes vêtements), les données recueillies vous permettront d’avoir une idée de votre évolution. Votre meilleur atout en la matière reste toutefois votre instinct. C’est votre corps, vous le connaissez donc mieux que personne.
Dans quel but ?
Une dernière question à se poser : pourquoi je souhaite utiliser un indicateur ?
Il y a une différence entre connaître son poids idéal, souhaiter se raffermir ou savoir si notre corpulence présente un risque pour notre santé.
Dans ces trois cas, je ne saurais que trop vous conseiller de vous rapprocher de professionnels dont le métier est de vous conseiller sur ces sujets. Là aussi, soyez vigilant, pour chaque métier, prenez le temps de regarder les diplômes de la personne que vous sollicitez, n’hésitez pas à demander conseils à votre médecin ou à votre entourage (souvent le bouche à oreilles fonctionne mieux que le hasard de Doctolib…).
Pour ma part, et c’est un point de vue personnel, lors de mes suivis à domicile j’encourage (vivement) mes coachés à cacher/jeter/recycler leur balance et ce durant toute la durée du suivi. Cela peut paraitre dur au départ, mais je peux vous assurer que ça vaut le coup.
Apprenez à vous faire confiance, vous ne le regretterez pas.
Sources :
Les études mentionnant l’inefficacité de l’IMC chez plusieurs segments de population :
- Rahman, M., & Berenson, A. B. (2010). Accuracy of Current Body Mass Index Obesity Classification for White, Black, and Hispanic Reproductive-Age Women. Obstetrics & Gynecology, 115(5), 982-988. doi:10.1097/aog.0b013e3181da9423
- The Endocrine Society. (2009). Widely Used Body Fat Measurements Overestimate Fatness In African-Americans, Study Finds. ScienceDaily.
- World Health Organization Regional Office for the Western Pacific (2000). International Association for the Study of Obesity, International Obesity Task Force. The Asia-Pacific Perspective: Redefining Obesity and Its Treatment . Australia: Health Communications Australia Pty Ltd
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